25 janvier 2010 dans un pays imaginaire
8h30 Jean Français désespère.
Voila 10 ans qu’il milite au sein de l’association MCEL* pour que son pays, patrie des droits de l’homme, reconnaisse enfin un droit fondamental : celui de disposer de son corps.
Pendant un temps il a cru que la vague écologique, avec son retour à la mère nature, allait servir sa cause. Peine perdue.
Aussi, ce matin, Jean François est sorti dans la rue complètement nu, avec comme seul accessoire un cache-nez provocateur et son attaché-case. Il a fait fi des regards amusés, médusés ou réprobateurs des passants et du guichetier du métro et s’est engouffré dans le wagon de queue bondé.
Il n’est pas allé très loin. La police l’a interpellé bien avant sa correspondance, conduit au commissariat et jeté en cellule. Il comparaîtra demain au tribunal correctionnel pour attentat à la pudeur et trouble de l’ordre public. L’amende sera lourde et il risque la prison en cas de récidive.
* MCEL : Mon Cul Est Libre
12 h Fadela change de burqua.
La journée va être chaude. Aujourd’hui elle va voter en lieu et place de sa sœur, Fatima, qui n’a pas le droit de sortir. Hier elle a voté pour elle-même. Evidement ça n’a pas été sans certaines tracasseries. Il a fallu toute la « persuasion » de son mari et de ses frères venus en renfort pour que le responsable du bureau de vote la laisse accéder à l’isoloir voilée. Au moins a-t-il abdiqué. Pas comme ce fonctionnaire obtus qui a refusé sa photo d’identité en habit traditionnel. Ni les imprécations, ni les suppliques n’ont réussi à l’amadouer.
Fadéla se prend à rêver.
Elle rêve d’une société vraiment tolérante, où toutes les femmes pourraient choisir de suivre la voie du prophète.
Elle rêve qu’un jour un grand référendum consacrera ce droit.
Ce jour là sera un grand jour.
Surtout pour sa sœur.
Ce jour là, elle aura le droit de sortir.
NON à la BURQA.